L’architecture est un sport de combat, a dit Rudy Ricciotti. La transformation est un art, sommes-nous tentés d’ajouter. Surélever un immeuble n’est pas un exercice facile ; il existe pour ce type d’interventions une méthodologie particulière prenant en compte de nombreux paramètres, à l’exemple du projet mené par nos équipes au 48 de l’avenue Wendt. Giuseppe Cucinotta, Adjoint de direction, architecte de formation et directeur de travaux chez KHEOPS, a piloté de bout en bout ce projet qualitatif. Il répond à nos questions.
KHEOPS. De quel projet architectural est-il question ?
Giuseppe Cucinotta. Le propriétaire, qui possède un important parc immobilier à Genève, a choisi de surélever un immeuble de 8 niveaux datant des années 50. Nous sommes intervenus au niveau des greniers, qui ont été démolis pour faire place à 8 appartements locatifs, du 2,5 au 4 pièces. Tout cela dans une zone urbaine dense, et sans évacuation des locataires.
Quel a été le rôle de KHEOPS dans le projet ?
Mandatés directement par le maître d’ouvrage et en collaboration avec une agence d’architecture responsable du concept, nous avons assuré la réalisation des travaux, de l’élaboration du budget à la livraison de l’objet.
Avez-vous eu des surprises une fois la mise en œuvre engagée ?
Ce n’est en effet pas avec la transformation de l’ancien. En l’occurrence, nous maîtrisons bien ce type de projet spécifique et réussissons la plupart du temps à anticiper les éventuelles complications et à observer le budget fixé. La surélévation est toujours associée à la notion de rentabilité (pour l’exploitant). Nous respectons ces enjeux et en cas de surprise, nous collaborons activement avec l’architecte pour déterminer la solution possédant le meilleur rapport qualité/prix/planning.
Comment faire accepter aux locataires les nuisances provenant des travaux ?
Notre maître d’ouvrage est très scrupuleux. À chaque projet, une séance d’information est organisée dans un espace collectif, où le plan d’action est présenté et des explications données aux locataires en toute transparence.
Un « cahier du bruit » est notamment mis à leur disposition, avec la planification des nuisances sonores classées en 3 catégories, fortes, moyennes, faibles. Les locataires ne sont donc pas pris au dépourvu, notamment lorsqu’ils souhaitent introduire des demandes d’indemnités.
Quels ont été les éléments marquants du 48, avenue Wendt ?
Le chantier a débuté en octobre 2020 et s’est achevé en mai 2022. Il s’agit d’un bâtiment ayant bénéficié à l’origine d’une isolation et d’une finition de qualité, avec un bon rendement énergétique d’ensemble. Dans le cadre de la surélévation, des panneaux solaires ont simplement été ajoutés sur le toit.
Les 8 appartements ont pris place à l’étage des greniers, ce qui a nécessité l’installation d’un faux toit pour protéger le chantier des averses et le bâti, des infiltrations.
Nous avons maintenu le local machinerie qui commande les deux ascenseurs et avons réalisé la surélévation en recourant à une charpente métallique.
Un dispositif coupe-feu a été installé dans la cage d’escalier, avec la création de portes coupe-feu à fermeture automatique et un système d’évacuation de la fumée en cas d’incendie.
Comment un chantier de cette nature est-il envisageable dans une zone urbaine aussi dense ?
La démolition et l’évacuation des gravats se sont étendues sur près de 2 mois, selon un planning soigneusement préparé, avec le moins de nuisances possible sur la circulation et la quiétude des riverains.
La livraison des éléments préfabriqués, notamment les panneaux de façade ont été agendés de la même manière, avec l’interruption très brève du trafic lorsque cela était nécessaire.
Une grue mobile et un monte-charge ont été installés pour acheminer les matériaux au dernier niveau de l’immeuble. Dans l’ensemble, tout s’est passé à merveille, grâce à notre expérience et aux processus mis en place au fil des années.
Tout ce qui relève de la transformation du bâti est définitivement une expertise.
Pour conclure, qu’est-ce qui vous anime dans votre profession ?
La rencontre avec le client et l’architecte est toujours un moment captivant, car nous voyons se dessiner un projet, une idée, des formes, de la technique.
Puis, le travail de mise en œuvre qui me met en rapport avec les différents corps d’état. C’est une double satisfaction en qualité d’architecte et de directeur de projet. Je fais un métier passionnant !
Giuseppe CUCINOTTA
Adjoint de direction
